13/12/2017

La ville de Montevideo travaille avec ses citoyens pour garantir le droit au logement et le droit à la ville

Capitale de l'Uruguay, la ville de Montevideo (1,3 millions d’habitants) est connue dans le monde entier pour avoir développé une politique pionnière en matière de coopératives du logement. Soutenu par le dynamisme de la société civile, ce mouvement fort d’un demi-siècle d'histoire s’appuie sur une coopération renforcée avec les autorités locales de la ville, ce qui assure sa durabilité pour les années à venir.

Ce  fort engagement en faveur du droit au logement, aussi bien que l’implication du Maire Daniel Martinez dans CGLU, a abouti Montevideo à joindre le mouvement « Make the Shift »  qui sous l’égide de la Rapporteuse de l’ONU sur le Logement Leilani Farha, et en partenariat avec CGLU,  travaille pour la réalisation du droit au logement en tant que condition essentielle d'un niveau de vie décent.

Pour en savoir plus sur la façon dont la ville œuvre pour garantir le droit au logement de ses habitants, la Commission a interrogé la directrice du développement urbain de la municipalité, Silvana Pissano, à l’occasion de la réunion de Barcelone sur le droit au logement (2-3 Novembre).  


De quelle façon Montevideo comprend-il le Droit au Logement et le Droit à la Ville?

Montevideo, en tant que ville capitale et gouvernement local engagé pour la justice sociale et les droits, développe une politique destinée à réaliser le droit à la ville et au logement de ses habitants, en se concentrant en particulier sur la question de l'accès au foncier urbain. Montevideo est une ville étendue qui n'a pas connu une croissance significative de la population au cours des dernières années. Cependant, elle a subi un processus capitaliste d'expulsion de ses classes populaires vers les banlieues. Préoccupée par ce phénomène de ségrégation socio-spatiale, et portant une vision qui priorise les personnes, la ville développe des outils permettant d'accéder au foncier urbain.

Parler de foncier urbain, c'est parler du droit à la ville : faciliter l’accès au foncier urbain vacant dans Montevideo pour développer des initiatives de logement permet l’accès à toutes les ressources et services de la ville, tels que le transport, l'eau, l'assainissement et l'espace public. Ceci est essentiel pour avoir une ville égalitaire et démocratique.

Quels mécanismes concrets a mis en œuvre Montevideo pour réaliser ces droits?

La municipalité dispose d'un instrument très important depuis 26 ans : la «cartera de tierras» (une banque de terres). Le foncier urbain y est mis à disposition pour développer des programmes de relogement, des coopératives de logement ou des programmes financés par le gouvernement national.

Il convient de rappeler que l’Etat est l'organe directeur des politiques de logement, mais grâce à la coopération entre les gouvernements nationaux et départementaux (avec la banque foncière) les individus et les familles peuvent accéder au logement digne, ce qui leur permet de vivre et de rester à Montevideo. La banque foncière est alimentée par la possibilité d'incorporer des propriétés abandonnées à travers  des appels d'offres, entre autres mécanismes. La fédération des coopératives de logement peut également accéder à ce foncier grâce aux prêts issus d'un processus participatif.

Quels défis renferme ce processus?

Il s'agit de consolider de plus en plus l'instrument, en même temps de l'adapter aux nouveaux besoins et de continuer à augmenter la disponibilité de foncier urbain afin que plus de gens puissent y avoir accès.

Dans le même temps, nous disposons d'un autre instrument, le Fonds spécial pour la gestion urbaine, FEGUR, qui permet de capter les plus-values urbaines. Cela nous permet de mieux porter les initiatives de logement au niveau local, tout en fournissant la possibilité de développer notre politique de logement et de capturer des terres.

C'est en résumé un mécanisme fiscal qui contribue au financement de la politique de logement du gouvernement départemental. La mise en œuvre de ce mécanisme n'a pas été facile. Cependant, cela fait partie de notre engagement à réduire l’écart entre les droits et la réalité.

Quelles sont les attentes de Montevideo en s'alliant avec d'autres villes pour travailler pour le droit au logement ?

Principalement, rejoindre un réseau régional ou mondial pour travailler pour le droit au logement et le droit à la ville est quelque chose qui nous renforce pour remplir notre engagement à d’aborder la question du logement sous le prisme des droits humains. Nous espérons joindre nos efforts et échanger des expériences positives avec d’autres villes.

Nous espérons que cela nous permettra de transformer nos engagements en quelque chose de concret et d'être en mesure d'atteindre plus de gens. Pour Montevideo, c'est très important.