08/04/2020

Les pouvoirs locaux face aux défis liés au logement pendant l’épidémie de COVID-19: Live Learning Experience co-organisé par la CISDPDH et CGLU

Le 1er avril dernier, CGLU et sa Commission Inclusion sociale, Démocratie participative et Droits humains (CGLU CISDPDH) ont co-organisé avec ONU Habitat et Metropolis une nouvelle session d’Expérience d’Apprentissage en Ligne sur le COVID-19, dédiée cette fois aux liens entre crise sanitaire et crise du logement. La session a rassemblé plus de deux cents cinquante participants - parmi lesquels des maires, conseillers et responsables techniques, ainsi que des représentants de différentes organisations internationales et de la société civile.

« Le logement est en première ligne dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19 »

Comme l'a noté la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le Droit au Logement, « le logement est devenu notre défense de première ligne contre le coronavirus. Le logement a rarement été autant une condition de vie ou de mort ». En effet, les défis liés au logement jouent un rôle clé pour comprendre et même combattre les taux d'expansion de l'épidémie, mais aussi pour soutenir ceux qui souffrent les plus vulnérables lors de la quarantaine et après la pandémie. Plus que jamais, garantir l'accès à un logement convenable est essentiel pour protéger tous les droits humains, y compris le droit à la vie.

Cette expérience d'apprentissage a donné la parole aux membres de la CISDPDH et de CGLU pour mettre en lumière les enjeux actuels en matière de logement et échanger sur les initiatives lancées aprés le début de la crise. Plusieurs priorités ont été partagées, comme la mise en place de solutions d'urgence pour les personnes vivant dans la rue (sans-abris et migrants) - avec le souhait de développer des solutions durables à cet égard - mais également la volonté d’alerter et d’agir pour les personnes qui ne sont plus en mesure de payer leurs loyers ou crédits immobiliers en raison de leur niveau de pauvreté et des pertes d’emploi liées à la crise sanitaire.

La suspension de toutes les expulsions durant toute la durée de l’épidémie a également été soulignée comme une condition nécessaire à la gestion de la pandémie et amplement partagée au sein des participants.

« La crise du COVID-19 va avoir un effet profond sur les inégalités sociales et économiques déjà existantes, ainsi que sur les inégalités entre territoires. Nous devons penser à l'après de la pandémie et comment aider les plus vulnérables »

Philippe Rio, Maire de Grigny (France)

Plusieurs pouvoirs locaux ont également présenté des initiatives de coopération avec le secteur privé qui ont permis de mobiliser des logements d'urgence pour soutenir la quarantaine, ou le développement d’outils de communication pour sensibiliser leurs populations et adapter la prestation des services publics. Les pouvoirs locaux soutiennent également des groupes qui sont particulièrement vulnérables pendant la phase de quarantaine : les victimes de violence domestique, les personnes handicapées, les personnes en difficulté psychologique ou les personnes âgées. Les participants ont également souligné que l'épidémie pose en particulier des défis majeurs dans les quartiers informels et dans les quartiers les plus pauvres.

[ Accéder au rapport complet et aux messages clés de la session ]

 Participation des représentants des villes pour les droits humains, de la société civile et des acteurs internationaux

De nombreux membres et pouvoirs locaux actifs de la CISDPDH ont participé à la rencontre virtuelle, présentant les pratiques au sein de leur territoire et appelant à renforcer le travail en réseau. La Rapporteuse spéciale de l’ONU sur le droit au logement, la Plateforme mondiale pour le droit à la ville et la Coalition internationale pour l'habitat (HIC) - tous partenaires clés des efforts antérieurs de CGLU et de la CISDPDH concernant le droit au logement - ont également contribué à la session et participé à la discussion avec les pouvoirs locaux.



Des représentants de Barcelone, Montevideo ou Vienne ont partagé leurs politiques visant à maintenir la fonction sociale du logement et à protéger les plus vulnérables. Iztapalapa (Mexique) et Grigny (Grand Paris) et Bukavu (République Démocratique du Congo) ont également soulevé des questions critiques concernant les droits numériques, les inégalités spatiales ou le soutien économique aux plus vulnérables, tandis que Valence (Espagne) a partagé avec les participants ses initiatives sur le logement et sa plateforme web qui rassemble tous les services municipaux répondant à la quarantaine. 

« Le COVID-19 a mis en évidence plusieurs risques liés au logement qui existaient déjà avant la crise et sont maintenant aggravés par la quarantaine. Ces défis incluent la violence domestique, les inégalités sociales et économiques et l’habitat précaire »

Adriana Allen, Présidente de HIC

Les pouvoirs locaux présents, malgré la diversité des contextes et des situations locales, ont mis en évidence le rôle central du logement dans la crise actuelle et la nécessité de réaffirmer ce droit humain fondamental comme l’une des attentions prioritaires. D’une part, parce que les conditions de logement peuvent être un facteur clé de la diffusion de la pandémie et d’autre part, parce que la pandémie peut avoir des conséquences dramatiques en matière de logement pendant et après la crise.

Plusieurs des représentants des pouvoirs locaux ont également souligné que la crise actuelle doit constituer un point de non-retour afin de repenser la façon dont les villes se construisent et la façon dont la coopération entre les territoire se développe.