05/03/2018

CGLU fait entendre la voix des gouvernements locaux et régionaux aux Nations Unies appelant à des stratégies de logement basées sur les droits humains

Le 2 mars, CGLU a pris part au débat interactif du Conseil des Droits Humains convoqué par la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur le Droit au Logement à Genève :  "Du logement en tant que marchandise au logement en tant que droit humain", qui portait sur la lutte contre la marchandisation du logement dans le monde, et sur la promotion de stratégies de logement basées sur les droits humains à tous les niveaux de gouvernements.

Une campagne globale sur le droit au logement

La campagne « The Shift » a été lancé lors de la Conférence Habitat III à Quito en octobre 2016 par la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur le droit au logement, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits humains et Cités et gouvernements locaux unis et sa Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains. Elle vise à encourager un changement d'approche en ce qui concerne les politiques du logement à tous les niveaux de gouvernement, comme moyen de revendiquer et de réaliser le droit au logement.

En effet, les acteurs de la campagne insistent particulièrement sur la nécessité de promouvoir un changement clair de stratégie afin de s'attaquer à la marchandisation du logement, à la fois comme une condition clé pour atteindre avec succès les objectifs globaux de 2030 sur le logement (assurant l'accès à un logement convenable pour tous (SDG 11).1) et de réaliser progressivement la pleine réalisation du droit à un logement convenable (Nouvel Agenda urbain)) et de faire évoluer l'approche du logement, qui n'est plus considérée comme un endroit pour parquer les excédents de capital, mais comme un lieu où il fait bon vivre.

Au Conseil des Droits de l'Homme, CGLU montre comment les gouvernements locaux sont déjà engagés dans la mise en œuvre du Shift.

La session portait sur l'importance des différentes sphères de gouvernement et de leurs relations dans la mise en œuvre du changement, ainsi que sur les obligations de tous les acteurs concernés lorsqu'il s'agit de garantir le droit au logement.

"Nos villes ne sont pas à vendre, les villes ne sont pas une marchandise. Il nous faut une plus grande régulation du marché immobilier, des taxes et de la coresponsabilité des acteurs du secteur privé."

Emilia Sáiz, Secrétaire Générale de CGLU

La Secrétaire Générale, Emilia Sáiz représentait CGLU à cette session. Elle a fait entendre la voix des gouvernements locaux et régionaux engagés avec le mouvement Shift, et a souligné la nécessité de fournir davantage de compétences et de ressources aux gouvernements locaux et régionaux du monde entier pour réaliser progressivement le droit au logement. Son intervention s'inscrivait dans la continuité de l'engagement de CGLU et de son Conseil politique sur le Droit à la Ville lors du Conseil mondial de Hangzhou (qui a approuvé la participation de CGLU au Shift).

Dans son intervention, la Secrétaire Générale Emilia Saiz a souligné comment à l'heure actuelle, nous sommes à un moment critique pour le logement et qu’il s’agit d’une question urgente non seulement pour le Nord ou le Sud, mais aussi pour le monde entier. Le nombre de sans-abri augmente, même dans les pays riches, et il y a plus de 100 millions de personnes qui n'ont pas accès au logement dans le monde entier.  

Plus de 1,6 milliard de personnes n'ont pas accès à un logement convenable dans le monde et les établissements informels sont en augmentation. Les ménages à revenu faible ou moyen sont régulièrement exclus de leurs quartiers et il devient de plus en plus clair que la marchandisation et la gentrification sont des questions qui doivent être abordées.



Pour garantir le droit au logement, qui est un élément clé du droit à la ville, la secrétaire générale a expliquer comment les collectivités locales ont encore besoin d'outils et d’instruments juridiques et financiers hors de leur portée. Les gouvernements locaux se sont engagés à s'attaquer aux problèmes de logement, mais ne peuvent pas s'y attaquer seuls.

"Nous sommes déterminés à mettre fin aux privilèges et à changer le cadre réglementaire. Nous devons garantir le droit au logement en tant qu'élément clé du droit à la ville".

Ada Colau, Maire de Barcelone et co-présidente du conseil politique de CGLU sur le droit à la ville.

Si les gouvernements locaux et régionaux veulent adopter une approche du logement fondée sur les droits humains, a-t-elle ajouté, le financement local doit être renforcé et les gouvernements locaux doivent être en mesure d'élaborer des stratégies d'urbanisme inclusives.

Mais surtout, il faut avant tout adopter une approche intégrée en matière de logement et renforcer la coopération à plusieurs niveaux entre les différentes sphères de gouvernement afin d'aborder la question d'une seule voix (qui comprend non seulement les autorités locales, régionales et nationales, mais aussi des acteurs non gouvernementaux tels que les ONG et les acteurs privés).

En conclusion elle a rappelé que le droit au logement est une condition essentielle à l'exercice du droit à la ville. Comme le logement ne peut pas être seulement compris comme quatre murs et un toit au-dessus de nos têtes, mais comme un foyer, le changement sur le logement doit aussi s’entendre comme une condition essentielle à la réalisation de tous les droits humains et un point de départ indispensable à la pleine jouissance de la ville.


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