Du 3 au 5 mai dernier, la Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de CGLU a participé à une rencontre d’experts de droits humains à New York à l’invitation du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU et du Secrétariat d’Habitat III. Une occasion de croiser les analyses des défenseurs des droits humains vis-à-vis du Nouvel Agenda Urbain Mondial.
La nécessité d’adopter une approche fondée sur les droits dans le Nouvel Agenda Urbain Mondial
La rencontre, convoquée par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU y le Secrétariat d’Habitat III avait pour objectif d’analyser le processus d’urbanisation mondiale à la lumière des droits humains reconnus dans les traités internationaux ainsi que d’élaborer des recommandations pour nourrir le Nouvel Agenda Urbain Mondial qui sera défini à Quito lors du Sommet Habitat III, du 17 au 20 octobre prochain.
Au cours des deux jours de travail, une trentaine d’experts des Nations Unies, de la Société Civil et des gouvernements locaux, étaient venus du monde entier pour échanger leurs perspectives autour des axes du Nouvel Agenda Urbain Mondial : cohésion sociale et égalité, économie urbaine, développement territorial, droit au logement…
Les débats ont mis en avant la nécessité d’adopter une approche par les droits dans ce Nouvel Agenda, en partant de l’analyse des conséquences de l’absence d’une telle approche dans les processus de construction des aires urbaines: inégalités et manque d’accès aux services essentiels, ségrégations sociales et spatiales, violations systématiques du droit au logement qui affecte le droit à la vie de 100 millions de sans-abris et conduit à des expulsions massives des occupants de terrains informels, discriminations…
Selon les experts, si les droits promus dans l’agenda Habitat II (Istanbul, 1996) n’ont pas été mis en œuvre au cours des dernières années, c’est principalement car le processus d’urbanisation à l’échelle planétaire a été principalement centré sur la croissance et l’attraction des investissements privés, au détriment des aspects sociaux. Les politiques d’austérité fiscale et d’ajustement structurel n’ont pas permis aux pouvoirs publics de mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à la garantie des droits, c’est-à-dire, in fine, à faire des villes des lieux d’amélioration de la qualité de vie pour la majorité.
Tous les acteurs des villes doivent être responsables de la garantie des droits reconnus par les traités internationaux
Au cours des débats, a été évoquée la nécessité de mettre en œuvre de nouveaux contrats sociaux au niveau des villes, avec la participation de tous les habitants – quelque-soit leur statut-. Ces contrats sociaux, pour garantir la cohésion sociale, doivent se baser sur les droits. A cette fin, il est urgent de pouvoir encadrer l’action des acteurs du marché, notamment celle des promoteurs immobiliers dans des régulations qui garantissent la primauté des droits humains et notamment le droit au logement. De plus, la nécessité d’une fiscalité progressive et juste est apparue comme une nécessité absolue pour faire des villes de lieux de vie digne.
Enfin, il y a eu un consensus majeur sur la nécessité de suivre la mise en œuvre de l’Agenda Habitat III à partir d’indicateurs de droits humains qui permettront le renforcement de la redevabilité des Etats et des Gouvernements Locaux mais aussi de l’ensemble des acteurs qui participent à la fabrique urbaine et en particulier les entreprises.
Fruit de cette rencontre, un document de positionnement sur la nécessité de placer les droits humains au cœur de l’Agenda Urbain Mondial paraîtra dans les jours à venir.
Enfin, à la suite de la réunion d’experts, la Commission a été invitée, le 6 Mai au Siège des Nations Unies pour présenter les résultats du travail réalisé les deux jours précédents et faire part de recommandations vis-à-vis des délégations des Etats membres.
Cette réunion s’est tenue sous l’auspice de la Représentation du Gouvernement équatorien, qui Co-Préside la Conférence Habitat III. Lorena Zarate de la Coalition Internationale de l’Habitat et Anselmo Lee de la Fondation Coréenne des Droits Humains. Dans son introduction, Mme Helena Yanez Loza la représentante d’Equateur a rappelé l’engagement de son pays en faveur du Droit à la Ville dans le Nouvel Agenda Urbain Mondial, droit consacré par la Constitution équatorienne et que la déléguée a défini comme la «territorialisation des droits reconnus par les traités internationaux».