25/10/2023

Interview #DroitsHumains75 avec la Plateforme mondiale pour le droit à la ville : promouvoir les droits humains dans les entreprises pour soutenir des économies locales diversifiées et inclusives.

Dans le cadre de l'initiative « Droits Humains 75 » visant à commémorer le 75e anniversaire de la Déclaration universelle, notre Commission interviewe la Plateforme mondiale pour le droit à la ville sur son travail de promotion des droits humains dans les entreprises, thème mensuel d'octobre défini par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme. D'autant plus qu'à l'occasion d'Urban October 2023, la Plateforme appelle à la promotion et au soutien d'économies diverses et inclusives, une composante pilier du droit à la ville.

Pourquoi promouvoir les droits humains dans les entreprises au niveau local ?

La promotion et la protection des droits humains devraient être un élément transversal structurant dans les actions de tous les acteurs, qu'il s'agisse d'entreprises publiques ou privées ou d'organisations de la société civile. Cependant, la structure du système capitaliste actuel entraîne une concentration du pouvoir entre les mains de quelques entreprises, dont beaucoup agissent au niveau transnational, ce qui conduit à des scénarios de mainmise des entreprises sur les organes de décision et à un manque de transparence et de responsabilité lorsqu'elles commettent des violations des droits humains.

Ces violations peuvent porter sur les droits des travailleurs ou sur l'impact socio-environnemental de leurs activités, par exemple dans le cas de déplacements forcés directs ou indirects résultant de l'activité économique. En ce sens, nous soutenons les efforts déployés en vue de l'approbation d'un traité international contraignant sur les sociétés transnationales et les droits humains.

D'autre part, nous pensons que le niveau local offre de nombreuses opportunités pour le développement de modèles économiques alternatifs, dans le cadre de l'économie sociale et solidaire, de l'économie de soins et de l'économie populaire, qui offrent des moyens de réduire les inégalités socio-économiques et territoriales et d'approfondir la démocratie.

Pouvez-vous nous parler du travail de la Plateforme mondiale pour le droit à la ville pour promouvoir les droits humains dans les entreprises au niveau local ?

À l'occasion d'Urban October 2023, la Plateforme mondiale pour le droit à la ville appelle à la promotion et au soutien d'économies diverses et inclusives, une composante du droit à la ville, afin de parvenir à des villes, des cités et des établissements humains justes, inclusifs, sûrs et durables, définis comme des biens communs essentiels à une vie pleine et décente.

La conjonction de crises multiples, dont l'urgence environnementale/climatique et l'aggravation des inégalités socio-économiques entre les pays et à l'intérieur de ceux-ci, aggravées par les effets combinés de la pandémie COVID-19, rend évidente la nécessité d'un changement de paradigme, en particulier en termes de modèles de production, de consommation et de prise de décision, vers des modèles et des systèmes économiques fondés sur une approche solidaire basée sur les droits, qui renforcent la fonction sociale et économique des biens communs, en plaçant le soin des personnes et de la planète au centre de leurs préoccupations.

Ainsi, à l'occasion de la Journée mondiale du droit à la ville (31 octobre), nous lancerons le document collectif « Villes et établissements humains avec des économies diversifiées et inclusives » afin de rendre visibles des systèmes alternatifs qui garantissent des moyens de subsistance et un travail décents pour tous et contribuent au renforcement des liens communautaires et à la protection de l'environnement.

Ce document vise à rendre visible l'approche du droit à la ville pour des économies diverses et inclusives, afin de parvenir à des villes et à des établissements humains justes, inclusifs, sûrs et durables, définis comme des biens communs essentiels pour une vie pleine et décente.

Le document présente certains des principaux piliers des économies diverses et inclusives dans le cadre du droit à la ville, leur inclusion et leur lien avec les accords et agendas internationaux, et présente une série d'actions habilitantes qui peuvent être prises au niveau local pour promouvoir et faire progresser les économies diverses et inclusives, et soutenir ceux qui les font progresser.

Il a été produit conjointement grâce aux membres du PGDC RIPESS, Streetnet, WIEGO et Urgenci.

À quel type de coopération internationale la plateforme mondiale pour le droit à la ville aspire-t-elle pour mieux promouvoir les droits humains dans les entreprises au niveau local ?

Nous pensons que les organismes internationaux liés à la protection des droits humains sont fondamentaux pour garantir la transparence et la responsabilité des acteurs privés, en particulier lorsqu'ils agissent au niveau transnational. À cet égard, nous citerions des initiatives telles que le traité contraignant sur les sociétés transnationales et les droits humains, déjà mentionné, ainsi que le travail des rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les droits humains.

De plus, nous pensons également que les réseaux et les instances de collaboration et d'échange au niveau international sont essentiels pour renforcer les acteurs agissant à différentes échelles dans la promotion de modèles économiques alternatifs fondés sur la promotion des droits humains. En ce sens, nous accueillons avec enthousiasme la résolution adoptée cette année par l'Assemblée générale des Nations unies sur l'économie sociale et solidaire et espérons qu'elle contribuera à ouvrir la voie à des actions concrètes et à des incitations en faveur de ces types d'économies à de multiples niveaux.

Enfin, nous pensons que les espaces internationaux qui traversent le niveau mondial et local sont également fondamentaux, en intégrant d'autres acteurs au-delà de la sphère nationale. Dans ce sens, nous sommes très enthousiastes quant au processus de mise à jour de la Charte-Agenda Mondiale des Droits Humains dans la Cité de CGLU, en lien avec la reconnaissance et la promotion d'économies diverses et inclusives, ainsi qu'avec la promotion du travail décent au niveau local.