30/06/2023

"Il ne peut y avoir des droits humains sans la paix", notre appel au 4ème Forum Mondial Villes et Territoires de Paix à Bogota

La Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CISDPDH-CGLU) a participé au Forum Mondial Villes et Territoires de Paix, qui s'est déroulé du 26 au 28 juin 2023 à Bogota. Le Forum a été un espace de rencontre et de solidarité qui a réuni des dirigeants locaux, des organisations internationales et des citoyens avec un appel très clair : 

Mettre la culture de paix comme la sécurité, l'attention (“los cuidados”) et l'égalité des opportunités pour toutes les personnes au premier plan de l'action locale et dans une perspective internationale.

Le premier jour du Forum, la CISDPDH a organisé la "Consultation avec la Rapporteuse des Nations Unies sur la violence contre les femmes", dans le cadre du laboratoire de co-apprentissage "Vers un municipalisme féministe : institutionnaliser les droits des femmes et éradiquer la violence basée sur le genre". Onze femmes dirigeantes de collectivités locales d'Amérique latine et d'Europe ont participé à la consultation : Clara Brugada, maire d'Iztapalapa (Mexico) ; Lily Caravantes, conseillère municipale du Guatemala ;) ; Claudia López, maire de Bogota (Colombie) ; Mayra Mendoza, maire de la municipalité de Quilmes (Argentine) ; Paola Pabon, préfète de Pichincha (Équateur) ; Silvana Pissano, maire du Municipio B (Uruguay) ; et Tatiana Piñeiros, maire de Ciudad Bolívar (Colombie) ; Amélie Videau, responsable et coordinatrice de l'Observatoire international des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis (France) ; Thamyris Machareth Elpídio, directrice de la coordination des politiques et des droits des femmes de la municipalité de Niterói (Brésil) ; et Carola Gunnarson, Envoyée spéciale de CGLU et vice-présidente de l'Association suédoise des autorités locales et des régions (SALAR).

Au cours de la consultation, la rapporteuse Reem Alsalem a écouté les femmes maires qui ont fait part de leurs expériences municipales en matière d’attention et de soins (“cuidados”) ainsi que les défis auxquels elles sont confrontées pour prévenir et éradiquer la violence contre les femmes et les filles. Clara Brugada, maire d'Iztapalapa, a résumé :

"Construire des territoires bienveillants pour les femmes victimes de violence sexiste est l'un de nos principaux engagements en tant que gouvernements locaux".

Lors de cet échange d'expériences et de connaissances, les dirigeantes locales ont convenu que, pour s'attaquer au problème structurel et systémique de la violence à l'égard des femmes, trois piliers sont fondamentaux. Le premier consiste à mettre en œuvre une perspective intégrale pour s'occuper de la santé physique, mentale et reproductive des femmes afin qu'elles puissent être en sécurité et décider de leur corps, comme l'a indiqué la Préfète Paola Pabón. Deuxièmement, il s'agit de mettre en lumière les différents types de violence que subissent les femmes, comme la violence économique, qui les prive de leur indépendance et de leur capacité de dénonciation, comme l'ont souligné les dirigeantes locales Tatiana Piñeros et Mayra Mendoza. Plus précisément, Tatiana Piñeros promeut un programme de soins spécifique pour la communauté transgenre de Ciudad Bolivar. Mayra Mendoza, quant à elle, s'est intéressée au troisième pilier, à savoir l'établissement de liens et la coopération entre les gouvernements locaux et les initiatives internationales.

Le deuxième jour du forum, les maires et la CISDPDH ont visité les Manzanas del Cuidado (Blocs de soins), l'une des initiatives phares de la Ville de Bogotá. Ces espaces offrent des possibilités de formation et de travail aux femmes qui s'occupent des personnes dépendantes, qui souffrent de pauvreté temporelle et économique car elles ne reçoivent aucune rémunération pour s'occuper de la survie de leur famille. Les Manzanas del Cuidado permettent de libérer du temps pour les femmes,  en s'attaquant aux asymétries et inégalités systémiques. Par exemple,les membres de leur famille et les personnes à leur charge (enfants, grands-parents, personnes en situation de handicap) peuvent-être pris en charge par des soignants spécialisés envoyés par la municipalité, pour que les femmes puissent avoir le temps de faire des activités de bien-être ourenforcer leurs capacités et se former. Des machines à laver sont mises à disposition gratuitement pour les familles et des ateliers “Hombres del cuidado” sont donnés pour former les hommes à prendre soin de leur famille, par exemple en apprenant à changer des couches ou à coiffer leurs enfants. À ce jour, 17 des 20 localités de Bogota sont couvertes et deux unités mobiles desservent les femmes vivant dans les zones rurales. 

C'est précisément en rapprochant les services des citoyens que l'on favorise la transformation sociale, car la paix permet la présence de l'équité et de la dignité dans nos sociétés, 

comme l'a expliqué Jorge Sharp, maire de Valparaíso, lors de la discussion sur l'axe de la paix sociale, qui a eu lieu le dernier jour du forum. Le maire de Valparaíso a par ailleurs ouvert pour la première fois au Chili une Direction pour l’égalité des genres et les droits des femmes au sein de son administration. 

Enfin, le Forum a mis en lumière que la violence dans les villes et les territoires locaux est de nature multidimensionnelle, et nécessite donc des réponses de même nature, en cohérence avec les agendas internationaux les plus actuels, tels que l'Agenda commun du Secrétaire général des Nations unies, l'Agenda 2030 et le Nouvel agenda urbain. Dans ce multilatéralisme, la contribution des villes et des gouvernements locaux est fondamentale en raison de leur proximité avec les communautés. C'est à partir des localités que s'enclenche la dynamique de cette collaboration transformatrice dont nous avons besoin pour nous attaquer aux racines systémiques de la violence et des inégalités structurelles qui affectent les femmes et l’ensemble de la société. 

Depuis les villes de la CISDPDH, nous soutenons cette transformation systémique par une approche politique  des droits humains afin d'évoluer vers un nouveau contrat social basé sur l'attention pour construire des villes, des territoires et des sociétés de paix. 


Ce message clé est promu dans l’appel de la Déclaration de Bogota, un document qui rassemble les objectifs définis dans cette édition du Forum afin d’avancer pour la paix entre les personnes, pour la planète et avec le gouvernement en vue de la mise en oeuvre du Pacte pour le futur de CGLU et du prochain forum, qui aura lieu à Montevideo en 2025.