08/10/2024

La CISDPDH organise une réunion d'échange en ligne sur la Charte des valeurs

Le mercredi 12 juin 2024, notre Commission a organisé une réunion d'échange en ligne sur la Charte des valeurs, un document qui vise à refléter les valeurs communes de nos collectivités territoriales « Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violence », comme le définit le nom de notre programme international. Cette charte est le fruit de trois années de travail, mené dans le cadre de la collaboration entre la CISDPDH  et l'Observatoire des violences envers les femmes (OVF) du Département de la Seine-Saint-Denis, co-président de notre Commission.

La Charte des valeurs se veut une déclaration d'engagement pour porter la lutte contre les violences faites aux femmes depuis les gouvernements locaux et au sein de l’Observatoire International des Violences Faites aux Femmes (OIVF), qui est l’aboutissement de notre programme. Cette Charte s'appuie sur les discussions et déclarations d'Iztapalapa (Mexique) et de Banjul (Gambie), adoptées au cours du projet respectivement en décembre 2022 et janvier 2024.

Pour en savoir plus sur la déclaration d'Iztapalapa, cliquez ici

La violence conjugales, le féminicide, les violences dans les espaces publics, le diagnostic local et les données sur les violences envers les femmes sont les questions abordées par les participants à Iztapalapa. Les mutilations génitales féminines (MGF), le mariage forcé, la violence sexuelle à l'encontre des filles et dans les situations de conflit armé, ainsi que la défense des droits des femmes sont les domaines thématiques que les participants ont explorés à Banjul. Les deux déclarations stipulent que les gouvernements locaux et régionaux doivent s'intéresser à la sphère intime afin de lutter contre la violence à l'égard des femmes.

Pour en savoir plus sur la déclaration de Banjul, cliquez ici

Les participants à la réunion virtuelle étaient des représentants des collectivités territoriales qui ont assistéaux formations organisées à Iztapalapa et Banjul:

  • Gladys Otae Addo Osei, coordinatrice, Refela Ghana

  • Yadira Cortés, Réseau de la table des femmes (Red Mesa de Mujeres), Mexique

  • Renée Jeftha, Département du développement social, Province du Cap-Occidental

  • Maysoun Dawoud, directrice des relations internationales, Djenine

  • Lina Zuher, OIVF Djenine

  • Kiné Fall, deuxième élue du département de Ziguinchor

  • Bintou Founé Samaké, ministre des droits de la femme du Mali

  • Renée Jeftha et Abdul Raof Ryklief, Département du développement social, Province du Cap-Occidental

  • Ernestine Ronai, Maéva Bonnet et Maïra Topall, Observatoire international des violences faites aux femmes, Seine-Saint-Denis

  • Cécile Roth : partenariat sur l'égalité des sexes et soutien du Secrétariat mondial de Cités et Gouvernements Locaux Unis.

La réunion a débuté par une réflexion des participants sur la valeur du programme internationale pour leurs collectivités territoriales. Par exemple, Renée Jeftha a partagé qu'elle a tiré de nombreuses leçons pour son département et son gouvernement. L'une des réflexions les plus marquantes, sur laquelle plus d'un participant s'est accordé, a été la pertinence du programme pour les femmes vivant dans des contextes de conflit et dans les villes où, même s'il n'y a pas de conflit, elles deviennent des territoires d'accueil pour les victimes.

Maysoun Dawoud a exprimé sa gratitude pour le soutien apporté par le programme qui, malgré la terrible situation dans laquelle elles vivent dans les territoires Palestiniens, a permis d'aller à la rencontre des femmes de sa ville Jénine et de connaître leurs besoins, ainsi que de renforcer le rôle des institutions et des différents partenaires travaillant dans les domaines de la santé et de la paix. « L'OIVF joue un rôle très important car elle nous enseigne combien il est important d'avoir foi en la liberté et les droits humains pour tous les peuples ».

Depuis le Mali, pays également marqué par les conflits, Bintou Founé Samaké a également valorisé le partenariat avec l'OIVF : « pendant les conflits, les femmes sont utilisées comme des armes, pour protéger ces victimes ». Pour Bintou, participer aux activités du programme a été l'occasion de développer des stratégies et d'améliorer ses outils : « Je rentre dans mon pays en me sentant forte et accompagnée dans ce combat, sachant qu'il y a d'autres femmes qui travaillent aussi sur ces questions. Ensemble, nous pouvons inverser ce fléau et créer des cadres pour l'autonomisation des femmes ».

Pour Kiné Fall, le séminaire régional réalisé à Banjul a été l'occasion d'un échange d'expériences qui lui a permis de mieux comprendre la violence sous toutes ses formes et de s'informer sur la situation dans les pays en conflit, a-t-elle partagé. Il lui a également permis de reconnaître que la violence à l'égard des femmes est un problème qui interpelle tout le monde, ce qui lui a donné une vision beaucoup plus claire de la manière de traiter ce problème. Elle a profité de l'occasion pour réaffirmer son engagement dans cette lutte : « Au Sénégal, nous nous battons aussi pour l'autonomie des femmes ».

Ernestine Ronai a ensuite lu la Charte des valeurs pour inviter les participants à y ajouter leurs contributions et a rappelé que l’objectif de ce document est de « continuer à dire ensemble ce que nous voulons faire ensemble et cela nous permettra de nous soutenir mutuellement et de dire “nous sommes ici en Afrique, en Amérique latine et ailleurs, et ensemble nous luttons contre les violences faites aux femmes” ».

Parmi les contributions des participants, la demande de parler d'« égalité réelle » pour désigner l'accès effectif  aux conditions d'égalité de genre a été mis en avant. Cette notion est liée au droit à l'offre locale de services publics et à une répartition équitable des ressources à l'échelle territoriale. Une autre demande concerne l'ajout de termes et d'approches tels que « inclusion sociale », « perspective de genre », « droits humains » ainsi que « favoriser la construction d'une culture de la paix depuis le niveau local pour contribuer à la prévention de la violence ».

L'utilisation du terme « fémicide » a également été discutée, ce qui a ouvert le débat sur la question de savoir si les violences sexuelles liées aux conflits ont leur place dans ce document. À cet égard, la voie a été ouverte à l'examen de questions futures telles que des solutions concrètes pour éradiquer les mutilations génitales féminines, la violence à l'encontre des enfants et la diversité. De même, pour les prochaines étapes, l'importance d'impliquer les hommes, en particulier les jeunes, a été soulignée.

Maysoun Dawoud a demandé que, dans un contexte de conflit, une attention particulière soit portée aux femmes et aux enfants, qui sont les premiers touchés et qui se retrouvent à vivre dans des tentes avec des hommes, sans aucune possibilité d'intimité et sans accès aux services de base, tels que les toilettes ou les médicaments. Elle a insisté sur la nécessité de gérer et d'accompagner les milliers d'orphelins laissés par la guerre. Elle a indiqué que 42 % des femmes diplômées sont au chômage et que ce taux est en augmentation. C'est pourquoi Maysoun a déclaré : « Nous ne voulons pas que cette guerre ramène les femmes à la case départ. La guerre annihile toute chance d'égalité pour les femmes ».

Dans ses remarques finales, Cécile Roth a réaffirmé la valeur de ce processus qui, avec le projet dans lequel il s'inscrit, constitue la base du travail de plaidoyer de notre mouvement municipaliste pour montrer et rappeler à tous le rôle vital des collectivités territoriales dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes.

Enfin, Ernestine Ronai a résumé les encouragements partagés des participantes sur la façon dont ce projet a permis de construire un espace de travail partagé entre représentantes locales  unies par la force du cri : 

« so, so, so, so, solidarité avec les femmes du monde entier ».

La Charte des valeurs est actuellement révisée en profondeur par les participants et sera accompagnée d'outils d'apprentissage - des fiches thématiques et un MOOC (cours en ligne ouvert et massif) - destinés aux collectivités territoriales engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes.

Notre Commission et sa coprésidence de Seine-Saint-Denis présenteront la version finale de la Charte des valeurs lors du séminaire final du programme international « Pour des territoires protecteurs des femmes victimes de violence » (2021-2024), qui se tiendra du 26 au 28 novembre 2024 dans la ville française. Après trois années de mise en réseau dans le cadre du programme, la rencontre servira de plateforme pour partager les expériences, présenter les outils développés et encourager l'engagement des collectivités territoriales du monde entier dans la lutte contre les violences faites aux femmes.

Si vous souhaitez participer au séminaire final ou recevoir des mises à jour sur les outils d'apprentissage, veuillez contacter le secrétariat du CISDP à l'adresse suivante : [email protected]