La commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains (CISDP) du Réseau Mondial des Cités et Gouvernements Locaux Unies (CGLU) a rencontré Hiba Kassir Kchour, coordinatrice des moyens de subsistance de l’Association Internationale AMEL, une ONG libanaise laïque qui vient en aide depuis 1979 à ceux qui sont dans le besoin. L’association gère actuellement 24 centres répartis à travers le pays, dont Beyrouth, le Mont Liban, le Liban Sud et la Bekaa.
L’approche des Droits Humains pour promouvoir la cohésion sociale entre libanais et refugiés
Le Liban fait face à des difficultés politiques et à une fragilité socio-économique: Il s’agit du pays qui accueille actuellement le plus grand nombre de réfugiés par habitant. Par conséquent, les actions visant à l’inclusion de tous les groupes vulnérables sont centrées sur la promotion des droits humains, la cohésion sociale et la coexistence dans le pays.
Depuis le début de la guerre en Syrie, en 2012, le Liban a dû faire face à une arrivée massive de réfugiés apportant de nouveaux défis. Dans ce contexte, l’association Amel a souligné l’importance de lutter contre l’accroissement des inégalités en couvrant les besoins fondamentaux tout en créant des opportunités pour tout-e-s. L’association a élaboré des plans stratégiques basés sur l’offre des soins de santé primaires, l’accès à l’éducation, la protection des enfants, des actions de sensibilisation, ainsi que des formations pour l’autonomisation des communautés en relation avec leurs moyens de subsistance, disponibles pour les refugiés.
“Il est difficile au Liban de faire face aux violations quotidiennes des droits humains par la loi. C’est pourquoi nous travaillons pour le dialogue social, encourageant la communication avec les personnes. Mais la plupart du temps, nous ne parvenons pas à les convaincre, c’est pourquoi parfois le dialogue est aussi une limite dans notre travail. Nous n’imposons pas un enseignement aux communautés qui ont leurs propres traditions, mais grâce aux formations et à l’information, nous tâchons de faire en sorte que les gens appliquent les valeurs des Droits Humains“, nous a expliqué Hiba Kassir Kchour.
Une grande diversité de programmes en vue de promouvoir l’autonomisation des citoyens dans la défense de leurs droits
Dans les centres d’Amel, tout le monde peut participer à travers plusieurs programmes et projets, mais il s’agit avant tout d’un espace libre de toute forme de discrimination. Un de ces programmes est celui de La Maison des Droits Humains (AHHR, par ses sigles en anglais) située à Beyrouth. Il s’agit d’un espace de solidarité qui consacre une partie de son activité à la Formation Professionnelle et au Développement des Aptitudes Humaines. Amel a pour stratégie la formation de militants et travailleurs afin de diffuser les avantages et les valeurs des droits des citoyens, y compris des migrants et des réfugiés. L’association organise également chaque année une École d’été sur le Droit International Humanitaire pendant deux semaines. L’association encourage surtout les jeunes à améliorer leurs compétences personnelles pour qu’ils obtiennent une expérience leur permettant de répandre la culture des droits humains.
Le Programme de Protection des Travailleurs Domestiques Immigrés consiste à soutenir les employés, les sensibiliser sur leurs droits, ainsi qu’à organiser différentes activités et ateliers.
Le projet Empowement Now, financé par le Programme Régional de Développement et de Protection (RDPP), destiné aux jeunes et aux femmes, est actuellement en cours. L’autonomisation des femmes est un thème essentiel pour Amel. Le Programme pour l’Égalité des Genres insiste sur l’indépendance économique ainsi que la reconnaissance sociale des femmes rurales et refugiées.
En collaboration avec le Fond des Nations Unies pour la population (FNUAP), le projet Girls Not Bridges sensibilise le public à l’urgence de mettre fin au mariage précoce, et encourage les filles et leurs familles à prioriser l’éducation.
Grâce à des méthodes pacifiques, l’Association Amel a accompli de nombreuses démarches et en traitant les gens sur un pied d’égalité, elle a ainsi gagné la confiance de la population locale de la ville.
C’est en protégeant les enfants, en autonomisant les jeunes et les femmes, ainsi qu’en soutenant les migrants et les réfugiés, que l’association promeut un dialogue interculturel basé sur la solidarité, réunissant tout le monde indépendamment de leur couleur, nationalité, appartenance religieuse ou politique.
Enfin, Amel, en tant que membre du réseau Habitat International Coalition : Droit à la Terre et au Logement, a coordonné le projet “Sanctuaire dans la ville“ réunissant différentes parties prenantes pour protéger les droits humains universels des migrants. Après une série d’ateliers et d’enquêtes, le projet a pu recueillir les messages, les principes et les expériences des autorités locales face à la crise des réfugiés et ou des déplacés. Le programme avait pour objectif de canaliser les expériences des personnes réfugiées, de la société civile et des autorités locales à travers l’élaboration de principes opératifs . Ceci permet aux gens de Beyrouth d’identifier ce qui fonctionne et ce qui pourrait être améliorer.
L’un des résultats du projet est la rédaction d’une charte locale qui donne voix à cette communauté de pratiques parmi les villes du monde qui font face à de tels défis.
(Crédits photos: Amel Association et Lisa Hamou-Mamar)