Du 7 au 12 mars 2017 derniers, la Commission Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains s’est rendue à Grenoble pour participer à la Biennale des Villes en Transition organisée par la municipalité et aux rencontres de géopolitique critique sur le « Droit à la ville » organisées par l’Institut de géographie alpine, l’association Modus Operandi et un collectif d’habitants et d’associations de Grenoble.
Début mars 2017, Grenoble a accueilli de nombreuses activités sur l'avenir des villes. Cinq grands évènements ont été organisés par de nombreux acteurs : municipalité, mouvements sociaux, réseaux professionnels, universitaires, mal-logés et sans logement... Les débats des évènements « officiels » ont porté sur les enjeux de la transition sociale, écologique, économique et démocratique de la Ville de Grenoble dans le sillage des engagements de la COP21. De leurs côtés, les mouvements sociaux et certains universitaires critiques se sont emparés du concept de « Droit à la Ville » pour rappeler la nécessité de bâtir une ville inclusive avec tous les habitants, lors des Rencontres de Géopolitique Critique.
Ainsi à Grenoble, tout au long de la semaine du 7 au 12 mars, des sujets comme le droit au logement, la gestion des biens communs et des espaces publics et la transition sociale, économique et écologique étaient au cœur des débats.
La Commission a pris activement part à la programmation officielle et aux événements liés au droit à la ville organisés par les mouvements grenoblois.
Jeudi 9 Mars, une première table ronde intitulée « Qu’est-ce que le Droit à la Ville?» dans le cadre des Rencontres de Géopolitique Critique, s’est tenue à l’Institut de Géographie Alpine de Grenoble.
Dans ce cadre, Claire Revol, enseignante-chercheure à l'Institut de Géographie Alpine philosophe et urbaniste, spécialiste d’Henri Lefebvre a présenté les origines de la notion de droit à la ville. Marianne Morange, enseignante-chercheure à Paris-Diderot et membre du groupe DALVAA a quant à elle abordé quelques enjeux liés à l’actualisation de la notion dans le contexte néolibéral, notamment à son internationalisation. Son intervention est disponible en ligne.
Enfin, Magali Fricaudet, coordinatrice de la commission est revenue sur l’émergence de ce concept comme d’un axe d’alliance entre mouvements sociaux, ONG et gouvernements locaux, à partir des années 2000 jusqu’à la conférence Habitat III qui pour la première fois mentionne le droit à la ville dans un texte onusien. Le débat était animé par Myriam Houssay-Holzschuch, Professeure de géographie à l’Université Grenoble Alpes et David-Gabriel Bodinier, coordinateur de l’Atelier d’Urbanisme Populaire de la Villeneuve. A la suite des présentations, les échanges avec un public d’étudiants et de citoyens engagés ont été très riches.
Le 10 mars, la Commission est intervenue sur les aspects de la transition écologique ayant trait à la démocratie locale, lors de la table ronde « Demain, tous acteurs de la ville ? ».
Lors de ce débat, les représentants des municipalités de Grenoble, Sfax, Cascais, et du Conseil Régional de Wallonie ont présenté leurs démarches de démocratie locale, à travers des mécanismes de démocratie directe comme les budgets participatifs ou encore de mise en œuvre des droits avec la participation des personnes concernées dans le cadre de la stratégie de cohésion sociale de la région wallonne. D’autres part, des collectifs comme « Parlons-en » qui a porté une démarche de participation des personnes SDF à Grenoble ou encore le collectif Villeray qui travaille sur la transition écologique à partir d’initiatives citoyennes à Montréal ont fait part de la nécessité de prendre en compte les démarches des habitants qui partent d’en bas.
La Commission a apporté une vision globale des tendances observées pour permettre de co-créer la ville avec les habitants et les organisations sociales.
Enfin, la rencontre finale intitulée « du Droit à la Ville au nouveau Municipalisme », s’est déroulée en présence de Gustave Massiah de l’AITEC, de Giuseppe Gaccia de European Alternatives, de Cesar Ochoa de Barcelona en Comú, d’Alvaro Puertas Robinas de Habitat International Coalition et de Magali Fricaudet de la CISDPDH.
Elle était animée par David Gabriel du de l’Atelier Populaire d’Urbanisme de la Villeneuve. Il s'agissait de discuter des perspectives offertes par l'émergence d'une nouvelle génération de pouvoirs locaux appuyés sur des luttes locales et du municipalisme en tant qu’alternative à la marchandisation néolibérale des villes et à ses impacts politiques sociaux.
Le compte-rendu de cette réunion est disponible en ligne.
Au-delà, l’intense programme d’activités organisées pendant la biennale de la transition à Grenoble nous a permis de découvrir la richesse des initiatives citoyennes portées par la ville et ses habitants : la radio citoyenne La Voix des Gens, des promenades sonores sur le parcours des exilés, l’assemblée des mal-logés, l’atelier populaire d’urbanisme de Grenoble, observatoire du non recours aux droits (ODENORE), ouverture de la programmation culturelle aux citoyens…
Comme le disait le Maire, Eric Piolle, dans une Interview du journal municipal Gre.mag
« En mettant en commun les projets, la Biennale des Villes en transition contribue à fédérer tous les acteurs, divers mais jusqu’ici isolés, de la transition ! Ensemble, nous avons à inventer une nouvelle façon de vivre la ville, où la polyvalence des lieux et des espaces remplace les gaspillages, où le partage remplace la concurrence, où la convivialité remplace l’isolement et les replis. Ni le dérèglement climatique ni l’effritement de notre lien social ne sont des fatalités. »
Lors de la biennale de la transition, une rencontre a eu lieu avec Bernard Macret, Adjoint en charge de la Solidarité Internationale, et Erice Recoura, directeur des Relations Internationales et de l’Action Européenne de la Ville de Grenoble, auxquels Magali Fricaudet a présenté la Commission et ses actions.
Une rencontre a aussi eu lieu avec Carine Jansen, Directrice de la Cohésion Sociale de la Région wallonne et membre du réseau Together (Territoires de C-Responsabilité), aboutissant à l’adhésion de la Direction Interdépartementale de la Cohésion sociale du Service public de Wallonie et du réseau Together à la commission.
De plus, des rencontres ont eu lieu avec le directeur général de la ville de Sfax afin d’étudier d’éventuels projets communs sur la question de l’accueil des migrants.
Enfin, cette mission à Grenoble a aussi constitué l’occasion de partager des connaissances et des expériences entre villes et mouvement sociaux et d’approfondir nos liens avec les membres grenoblois de la Plateforme Globale pour le Droit à la Ville