Le 7 novembre 2023, dans le cadre de la 22e Conférence de l'Observatoire international de la démocratie participative (OIDP), la Coordination pour la promotion de l'égalité raciale (CPIR) de Rio de Janeiro a organisé en partenariat avec notre Commission la session « Qu'est-ce qu'une ville antiraciste ? Elaborer un programme d’'action locale ». Lors de cette réunion, Anabel Rodriguez (Barcelone), Jackeline Nascimento (Rio de Janeiro) et Oilda Rejane (Salvador) ont partagé leurs expériences municipales en matière de réparation des injustices historiques, de lutte contre le racisme systémique et de compréhension du microracisme par le biais de politiques publiques locales. Douglas Leite, docteur en histoire sociale de l'université fédérale de Fluminense, a partagé le travail autour de l’indice municipal de lutte contre le racisme promu dans le cadre du réseau des villes antiracistes lancé par la Ville de Rio de Janeiro.
Comment construire des villes antiracistes ?
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Adopter un approche transversale par la coordination entre les services et le dialogue avec la société civile
À Salvador (Brésil), un secrétariat municipal dédié à la réparation raciale, sous la direction d'Oilda Rejane, se charge d’organiser la formation des fonctionnaires au respect de la diversité et de la lutte contre les discriminations. Cette formation, coordonnée à travers tous les services, s'inscrit dans un plan d'action municipal réglementé par le statut de l'égalité raciale et qui permet à chaque service municipal d’inclure une perspective antiraciste dans son action. Un comité technique met en œuvre ce plan, assurant évaluation et suivi via des rapports trimestriels. Comme le dit Oilda Rejane : « Il est impossible de lutter contre le racisme depuis l'extérieur si nous ne travaillons pas en interne dans une ville où 82 % de la population est noire ».
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Mettre en oeuvrees, des stratégies, des mécanismes et des services pour parvenir à un changement culturel au niveau local, expliciter l'oppression raciale et agir contre elle
« Selon nos derniers chiffres de 2022, le racisme est l'un des principaux axes de discrimination qui empêche l'accès aux droits et c’est une tendance qui se confirme ces dernières années », a déclaré Anabel Rodríguez Basanta, directrice de la Direction des services des droits des citoyen.ne.s de Barcelone. Pour cette raison, et afin de lutter contre le racisme structurel , l’Office municipal pour la non-discrimination (Oficina para la no-discriminación) dispose d'une série de stratégies, de structures, de services et de mécanismes visant à caractériser le racisme et ses impacts, à le combattre, à transformer la culture locale et à accompagner les victimes. Ce dispositif est renforcé par la participation de la société civile qui co-construit les instruments qui permettent la mise en place d'une politique publique antiraciste locale efficace. Ainsi la municipalité a lancé plusieurs campagnes contre la haine et les préjugés, plaide pour le droit à l’inclusion financière pour les personnes souffrant de discrimination pour ouvrir un compte bancaire et organise un service d’attention et de plaintes pour les personnes souffrant de racisme. Elle promeut la formation et le dialogue au sein de ses services que ce soit le logement, l’accompagnement social, les espaces publics mais aussi avec les acteurs des lieux de vie nocturne (bars, discothèques etc.) et les associations locales.
En savoir plus de la Direction des services des droits des citoyen.ne.s de Barcelone et sur le plan d’action “Pour une Barcelone Antiraciste”
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Organiser un plaidoyer au niveau national et international
C'est ce que propose le Réseau des villes antiracistes, lancé par la Ville de Rio de Janeiro « une possibilité pour la lutte antiraciste, en particulier avec le développement de politiques publiques locales pour aborder ce problème systémique et quotidien », comme l'a déclaré Jackeline Nascimento, de la Coordination pour l’Egalité Raciale de Rio de Janeiro (CPIR). Cette initiative est le résultat du Pacte de lutte contre le racisme et de promotion de l'équité ethnique et raciale, proposé par le secrétariat de la CPIR , signé le 20 juin 2022 avec 21 villes brésiliennes.
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Promouvoir un espace de travail international pour le plaidoyer et la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local
C'est le travail de notre Commission au sein de CGLU pour formaliser la relation entre les politiques publiques, les mouvements sociaux et la participation citoyenne, thème de la Conférence de l'OIDP et que notre coordinatrice Amanda Fléty Martínez a mis au premier plan dans la construction de villes antiracistes: « Il est de la responsabilité des gouvernements locaux de rendre visible et de remettre en question le racisme structurel et institutionnel. Il est temps d'intégrer une perspective antiraciste dans le mouvement municipal ».
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Impliquer d'autres secteurs sociaux, tels que le monde universitaire, afin de développer des indicateurs communs pour mesurer le racisme
Douglas Leite, docteur en histoire sociale, a parlé des travaux menés à l'université fédérale de Fluminense pour élaborer un indice permettant de mesurer les politiques publiques antiracistes au Brésil. Cette initiative est née d'une expérience locale qui s'est transformée en un réseau dans la ville de Niterói. Ces indicateurs représentent également un outil participatif pour les citoyens, puisqu'ils leur permettent de contrôler les responsabilités politiques des fonctionnaires.