* La Commission Inclusion Sociale, la Coalition Internationale Habitat (HIC), FALP et Mercociudades lancent une déclaration commune pour le 7eme Forum Urbain Mondial, exprimant leurs critiques et leurs suggestions vis-à-vis de l’approche proposée par Habitat III
* Développement n'est pas égale à 'équité ni à justice sociale et spatiale
* Il est urgent d'appliquer une approche axée sur les droits humains aux politiques urbaines et habitationnelles. Villes pour la vie et droit à la ville : axes pour le nouvel agenda d'Habitat III
DÉCLARATION
1. Du 5 au 11 avril 2014, aura lieu à Medellin (Colombie) la septième édition du Forum Urbain Mondial (FUM), une rencontre biennale convoquée par ONU-HABITAT dans le but d’examiner les problèmes les plus pressants de la réalité urbaine. Cette année, l’axe thématique sera « L’équité urbaine dans le développement – Villes pour la vie ».
2. Les mouvements sociaux, les organisations de la société civile, les professionnels et activistes qui composent la Coalition Internationale pour l’Habitat (HIC), avec les pouvoirs locaux faisant partie de la Commission d’Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de l’organisation mondiale des Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), le Forum des Autorités Locales de Périphérie (FALP) et le réseau Mercociudades expriment à travers cette déclaration commune leur position politique en ce qui concerne la note conceptuelle du 7ème FUM.
3. Le monde urbain d’aujourd’hui est, sans aucun doute, profondément inégal, et les habitant-e-s des villes et des villages souffrent les effets de cette réalité dans ses dimensions multiples: pauvreté; manque d’accès à l’emploi et précarité du travail; rareté de logements adaptés; ségrégation territoriale; déficience de dotation de services de base, de réseaux accessibles de transport multiple et d’espaces publics de qualité; construction de très grands travaux urbains que souvent causent des expulsions de logements et déplacements forcés de population locale; déficits éducatifs et de service de santé; traitement inégal et discriminatoire envers les femmes, les différentes orientations sexuelles ou les groupes ethnoculturels minoritaires; manque d’autonomie personnelle à cause de l’âge, de la maladie ou d’un handicap; situation de vulnérabilité de beaucoup d’immigré-e-s; absence d’égalité des chances pour les jeunes et d’attention spéciale envers ceux et celles en situation de risque social; manque d’attention portée à l’enfance et aux personnes âgées, criminalisation de la protestation sociale, etc. En d’autres termes, l’inégalité urbaine découle de la privation systématique des droits citoyens fondamentaux pour une grande partie de la population.
4. C’est pourquoi, nous ne partageons pas les arguments exposés dans la note de synthèse du 7ème FUM qui, en résumé, et en mettant de côté la grande diversité des problématiques urbaines sans même les relier à des questions plus structurelles, prétend que plus la croissance est importante, plus les indices d’équité sont évidents. Le fossé de plus en plus grand entre les riches et les pauvres montre que les bénéfices de la croissance ne sont pas distribués de façon équitable, mais qu’ils ont tendance à se concentrer dans les mains de ceux qui possèdent déjà tout. Sans politiques transversale de redistribution de la richesse au niveau local, national, régional et mondial, l’équation croissance = équité est un leurre très dangereux qui alimente la destruction de la planète, et ne s’interroge pas sur le modèle actuel de production, d’accumulation et de consommation irresponsable.
5. Nous pensons que se battre pour des villes plus équitables passe par la revendication d’une plus grande justice sociale et spatiale, ainsi que par le respect, la protection et la pleine réalisation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels pour les générations actuelles et futures. Cela implique également de renforcer la démocratie participative en tant qu’axe principal de la garantie des droits, du développement durable et de l’efficacité des politiques publiques. Au même temps, cela passe par la reconnaissance des efforts que les communautés, les villes, les mouvements sociaux et les gouvernements locaux font au quotidien pour améliorer la vie dans les villes. Cela doit servir de cadre pour l’élaboration des politiques publiques à long terme, pour la défense de l’équité sur nos territoires.
6. Face à la primauté octroyée, dans les fondements théoriques du document de synthèse du FUM, aux objectifs de croissance et de développement économique, nous mettons en avant les critères de justice sociale et de vie digne pour toutes et tous. Nous rejetons la logique de développement prédominant et nous plaidons en faveur d’un changement culturel, social, économique et politique plus respectueux de la nature et de l’ensemble de l’humanité actuelle et future.
7. En ce sens, nous défendons le concept de Droit à la ville, que nous comprenons comme l’usufruit équitable des bénéfices et des opportunités que doit proposer le cadre urbain (travail, santé, éducation, logement, ressources symboliques, participation politique, etc.) et comme un outil pour imaginer et construire une autre ville possible: démocratique, inscrite dans le développement durable, équitable et solidaire. En définitive, nous réclamons la nécessité renverser les dynamiques urbaines, en mettant les personnes, et non le marché, au centre de l’agenda politique urbain.
8. Par conséquent, nous ne souscrivons pas à la définition du concept d’« Équité dans le développement » proposé par ONU HABITAT et nous suggérons de le rediriger à partir des principes clés du concept de « Villes pour la vie » (également mentionné dans le document de synthèse du VIIème FUM), qui rassemble plus de deux décennies de réflexions et de propositions de la société civile et reflètent mieux la ville que nous voulons et que nous pouvons construire.
9. Avec cette vision, nous, les représentant-e-s de mouvements sociaux urbains, de la société civile organisée et des autorités locales membres de la Commission d’Inclusion Sociale, Démocratie Participative, et Droits Humains de CGLU, le Forum des Autorités Locales de Périphérie (FALP) et le réseau Mercociudades, nous nous engageons à travailler conjointement au processus qui conduira au Sommet d’Habitat III pour que le droit à la ville soit reconnu dans le Nouvel Agenda Habitat, en même temps que les mesures, les indicateurs et les instruments nécessaires pour leur mise en application au niveau mondial, régional et local.
10. Pour terminer, nous demandons à l’ONU-Habitat de garantir une participation efficace de la société civile et des autorités locales dans la préparation, l’organisation et la réalisation du Sommet de l’Habitat III. Nous demandons également à ONU-Habitat que le FUM soit un espace de débat et de construction collective, qu’il aborde les questions urbaines sur la base des droits humains, en collaboration avec le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, et que soit renforcé le rôle du Conseil Consultatif des Autorités Locales auprès des Nations Unies (UNACLA) en tant qu’organe d’articulation entre les gouvernements locaux et nationaux. Cette déclaration est ouverte aux collectifs, réseaux ou organisations de la société civile et des gouvernements locaux qui partagent ses principes. Par conséquent, nous lançons un appel pour qu’elle soit souscrite et diffusée parmi leurs membres.
Cette déclaration est ouverte aux collectifs, réseaux ou organisations de la société civile et des gouvernements locaux qui partagent ses principes. Par conséquent, nous lançons un appel pour qu’elle soit souscrite et diffusée parmi leurs membres.
Coalition Internationale pour l’Habitat / Habitat International Coalition (HIC):
www.hic-net.org; [email protected]; [email protected]
Commission d’Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains de CGLU:
www.uclg-cisdp.org; [email protected]
Forum des Autorités Locales de Périphérie (FALP) :
www.es.falp2013.com.br; [email protected]; [email protected]
Mercociudades :
http://www.mercociudades.org; [email protected]
* Cette déclaration ne reflète pas la position de l’ensemble de CGLU, mais de la Commission d’ Inclusion Sociale, Démocratie Participative et Droits Humains (par l’intermédiaire de sa présidence collégiale).