10/05/2013

L'Union Général des Coopératives Agricoles de Maputo : exemple de gestion démocratique et de promotion du développement Économique local

L’Union Générale des Coopératives Agricoles de Maputo (UGC, 1980) possède une dimension multisectorielle, enracinée parmi les couches les plus pauvres de la société, et s’affirme comme un système basé sur les principes de l’autogestion. Sa philosophie de croissance se fonde sur le principe de la nécessité de créer les conditions économiques et sociales appropriées pour permettre aux membres des coopératives, pour la plupart des femmes, d’avoir accès et de contrôler les ressources économiques et sociales, par le bais de formations à la prise de décision menant à une amélioration du développement économique et social.

Le contexte dans lequel est née l’UGC –pendant la période de l’indépendance– a été favorable à son développement, puisqu’à ce moment, l’État soutenait le mouvement coopératif. À cette époque, la zone périphérique verte de Maputo, fertile et productive, était occupée par d’innombrables coopératives qui tentaient de donner corps à la politique locale en en développant la capacité d’agir (les pouvoirs) des individus qui résidaient dans les villes. Au cours de la crise économique qui a touché le pays dans les années 1980-90, causée en grande partie par les différents épisodes de violence s’étant produit au Mozambique, les zones vertes furent l’un des piliers ayant garanti la sécurité alimentaire.

À partir des années 1990, différentes zones occupées par l’UGC ont été directement affectées par la multiplication des luttes pour le contrôle de la terre (entre une terre destinée à l’agriculture et une terre destinée à la construction urbaine). Cependant, compte tenu du besoin d’organisation des coopératives pour survivre dans ce contexte, et afin d’atténuer les difficultés économiques des communautés, l’UGC s’est finalement constituée en tant qu’organe de gestion démocratique pour la promotion du développement économique.

Actuellement

Aujourd’hui, en termes d’objectifs politiques, l’UGC mise sur le rôle croissant des coopératives comme plateformes de prise de conscience de la condition sociale de leurs membres et comme bases de la lutte pour résoudre leurs problèmes. Donner aux membres des coopératives un accès aux ressources de production telles que la terre et le crédit ; donner une éducation formelle aux membres et une formation dans le domaine des technologies modernes de production ; leur donner un contrôle démocratique sur les activités de l’Union et garantir leur participation dans les prises de décisions sont quelques-uns des objectifs prioritaires de l’UGC. En effet, cette dernière considère que la lutte pour l’accès à la terre et pour les aides financières est une forme d’empowerment (autonomisation).

Bénéficiaires et résultats

  • Bénéficiaires : L’UGC, les coopératives locales et les agriculteurs membres. L’UGC tente de fournir à ses membres des compléments alimentaires et un revenu supplémentaire pour limiter les carences au sein des foyers.
  • Processus participatifs développés : Toutes les actions, les mesures et la structure organisationnelle sont décidées démocratiquement par les membres de l’UGC.
  • Processus d’institutionnalisation de la politique : Les éléments les plus remarquables sont la création d’entités de gestion démocratique telles que l’Assemblée Générale, le Comité de direction, le Comité fiscal, le Comité de gestion et le Comité de contrôle. Tous ces organismes sont au service des membres. De même, il convient de souligner la création d’une structure démocratique de prise de décision au sein de l’UGC, ainsi que la mise en œuvre d’un processus représentatif des membres au sein des différents organes de gestion.
  • Financement : Aujourd’hui, l’UGC s’autofinance grâce aux fruits de ses activités de gestion.
  • Principaux résultats et réalisations : Les principaux résultats ont des répercussions économiques et sociales sur plus de 5 500 membres de 12 zones situées dans la région de Maputo. Avant tout, il convient de mentionner la diversification des modalités d’organisation de la production, la modernisation des coopératives affiliées, l’instauration de mécanismes productifs dans le but de faire face à la concurrence des gros producteurs et la création d’un réseau de coopératives nationales et internationales.

En ce qui concerne l’intervention sociale, il convient de mentionner la création d’un espace visant à résoudre les problèmes des membres, un forum pour que la prise de décisions soit participative et démocratique, l’élaboration d’une formation technique pour ses membres, la réalisation d’activités sociales telles que les jardins d’enfants, les centres de santé communautaires et l’accès au service d’éducation élémentaire pour ses membres et leur famille. 

Enjeux et limites

Les obstacles peuvent être observés par le biais des indicateurs économiques et sociaux, comme la faible productivité de quelques coopératives et le manque d’organisation interne de certaines des coopératives affiliées, rendant difficile une gestion économique efficiente ; la concurrence déloyale des grandes entreprises ; de même, dans une certaine mesure, le peu d’intérêt des membres  des coopératives pour le développement économique de l’UGC et la concurrence inégale en termes de prix des produits, avec notamment les produits importés d’autres pays (Afrique du Sud et Brésil). Par ailleurs, il convient d’ajouter les changements dans les structures sociales causés par des facteurs tels que l’émigration, le faible indice de qualité de vie de la région et le besoin latent d’améliorer l’accès aux services publics locaux. Enfin, la demande croissante de terre utilisée par la spéculation immobilière de la zone périphérique verte de Maputo met en danger non seulement le fragile équilibre écologique de la zone, mais aussi la survie des zones vertes de la ville.

Pour de plus amples informations, veuillez consultez l’étude complète du cas : Observatoire Villes Inclusives