11/04/2013

La ville d'Eldoret au Kenya généralise l’accès à l'eau à sa population et améliore l'inclusion sociale de ses habitants

L’accès à l’eau est un problème crucial au Kenya, qui est classé comme un pays de pénurie chronique. Afin de résoudre les problèmes liés au mauvais entretien des infrastructures de l’eau et à la corruption dans ce secteur, ainsi qu’à la mise en œuvre des Programmes d’ajustement structurel (SAP) et autres conditionnalités des bailleurs de fonds, pendant les années 1980 et 1990 le gouvernement kényan a privatisé les entreprises du secteur public, y compris les services publics de l’eau. Les résultats se sont avérés inacceptables, notamment en ce qui concerne l’extension du service aux groupes à faibles revenus.

Avec la mise en place de la Loi sur l’Eau de 2002, stipulant la décentralisation des pouvoirs de l’échelon national aux échelons régional et local, les municipalités individuelles, comme Eldoret, ont adopté l’initiative de créer des sociétés pour assurer l’approvisionnement en eau dans leurs juridictions respectives. L’Eldoret Water and Sanitation Company (ELDOWAS) a été créée en 1997 comme filiale détenue à 100% par le Conseil municipal d’Eldoret, et a commencé à opérer en 1999. La Loi sur l’Eau requiert la création de processus de consultation sur un certain nombre de dispositions et de normes, et une culture de la consultation publique et de l’engagement actif des acteurs s’est progressivement construite par la nomination de représentants des consommateurs et de la société civile dans ses conseils.

Équité à l’accès en approvisionnement à l’eau

ELDOWAS vise à fournir un accès équitable à une eau de qualité pour tous les résidents d’Eldoret Elle cherche notamment à élargir l’accès à une eau de qualité et aux services d’assainissement à la population pauvre d’Eldoret, qui représente la vaste majorité (plus de 90%) de la population urbaine et périurbaine.

L’entreprise a poursuivi une politique d’inclusion sociale avec une stratégie sur deux fronts: concentrant ses activités dans les zones de revenus moyens, d’une part, pour rentabiliser ses investissements, et dans les zones de faibles revenus, d’autre part, pour réduire le nombre de maladies hydriques communes parmi les personnes qui utilisent des puits peu profonds pour obtenir de l’eau et des latrines à fosse comme bouches d’égouts.

Les statistiques prouvent que l’entreprise a eu un impact sur l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, bien qu’il reste encore beaucoup à faire. La population connectée au réseau n’a cessé d’augmenté, le service clients et la formation du personnel ont fait beaucoup de progrès, le soutien du public à l’entreprise se manifeste dans les paiements réalisés dans les délais pour les services de l’eau (comparé aux moyennes nationales). Toutefois, l’approvisionnement en eau dans les zones à faibles revenus et dans les zones périurbaines a été entravé par l’usage ininterrompu de puits peu profonds et de latrines dû aux défaillances des services d’eau et d’assainissement.

De même, les pauvres urbains des zones périphériques tendent à habiter dans des sites dangereux, au sein d’habitations informelles ne respectant pas les lois et les normes en vigueur. En matière d’approvisionnement en eau, la plupart de ces zones ne sont pas équipées d’un réseau de distribution de l’eau, notamment car, raccorder chaque maison s’avère difficile lorsque la propriété n’est pas enregistrée (ou parfois est contestée) et que les espaces d’habitation ne sont pas urbanisés.

Appui et succès de la politique

Les services d’eau et d’assainissement d’Eldoret bénéficient de plusieurs sources de financement, aussi bien nationales qu’internationales. Cependant, il existe des menaces. Au départ, ELDOWAS a été créé comme une filiale détenue à cent pour cent par le Conseil municipal d’Eldoret, mais la révocation de certains documents juridiques du fait de l’entrée en vigueur de la Loi sur l’Eau de 2002 a créé de nouvelles dispositions institutionnelles qui actuellement sont mises en œuvre.

Le succès de politiques similaires dans d’autres contextes dépendra largement de la capacité de l’autorité municipale à identifier les domaines de prestation de service dans lesquels les objectifs de rentabilité et de service communautaire peuvent être poursuivis simultanément. Des actions de lobbying auprès du gouvernement central de la part des branches du Conseil qui n’ont plus la responsabilité des services de l’eau, dans le but d’obtenir un soutien pour l’amélioration des infrastructures afin que les investissements progressifs servent de leviers futurs pour améliorer à la fois le rendement et la qualité du service s’avèrent nécessaire.

Un plaidoyer additionnel pour le développement de cadres juridiques institutionnels appropriés, qui soutiennent la recherche de revenus accrus en termes de capital, et pouvant permettre aux conseils d’étendre les services à des groupes jusqu’alors exclus, serait aussi essentiel.

Pour de plus amples informations, veuillez consultez l’étude complète du cas : Observatoire Villes Inclusives