Comme chaque année depuis 2014, l’association Urbamonde a accueilli, le 11 et 12 juin dernier à Genève, une rencontre avec plusieurs associations de la société civile organisée (Slum Dwellers International, Asian Coalition for Housing Rights, FUNDASAL, Urbansen etc.) afin de réfléchir ensemble à la création d’un réseau international (une « plateforme ») sur la production sociale de l’habitat et permettre ainsi la diffusion et le changement d’échelle de ce type d’approche.
Partager et connecter les initiatives locales pour construire une solidarité internationale de l’habitat
Ce projet d’une plateforme partagée entre les acteurs engagés dans la production sociale de l’habitat vise à tisser des liens de solidarité, échanger des bonnes pratiques entre les communautés à l’échelle régionale (Hub Meetings) et de promouvoir une plateforme digitale présentant plusieurs projets à travers le monde.
Afin d’explorer les possibilités d’un changement d’échelle en matière de logement produit par la société civile, une première expérience a été mise en place par Urbamonde en janvier 2018 à travers la création d’un Fonds pour l’Habitat Solidaire (FHAS). Dans cette première phase expérimentale, des déposants solidaires suisses prêtent de l’argent via Urbamonde à la Fondation Sénégalaise des Habitants, qui accorde ensuite des crédits à ses membres pour la reconstruction de leur habitat suite à des catastrophes naturelles.
« La production sociale de l’habitat est le processus par lequel une communauté locale planifie, construit et gère les logements, les infrastructures et les espaces communs nécessaires à son habitat. Ce processus s'effectue généralement avec le soutien d'acteurs techniques et en négociation avec les autorités publiques »
A long terme, le FHAS souhaite développer un mécanisme de solidarité entre différents groupes d’habitant-e-s à travers des dépôts d’argent pour financer la construction d’habitats collaboratifs.
Aller plus loin dans le partenariat avec les pouvoirs locaux ?
A l’occasion de cette rencontre, la Commission a été invitée afin de réfléchir à comment ouvrir le dialogue pour un plus grand soutien des pouvoirs locaux aux différentes initiatives de logements proposées par les habitants. En effet, la Commission regroupe au sein de son réseau plusieurs villes fortement engagées sur la question du droit au logement.
En juillet dernier, la Commission a ainsi co-organisé une session historique où plusieurs maires de grandes villes à travers le monde (Madrid, Strasbourg, Montevideo, Plaine Commune, Berlin, New York, Montréal ou Séoul) ont défendu le soutien d’une Déclaration Commune pour le Droit au Logement et le Droit à la Ville sous le leadership de la ville de Barcelone.
À travers cette déclaration, les pouvoirs locaux souhaitent ainsi rappeler l’urgence de la question du logement pour leurs habitants et la volonté de ne pas laisser cet enjeu aux seules mains du marché, de la spéculation et des acteurs privés.
Dans cette Déclaration, une attention majeure est portée à la co-production sociale de l’habitat (point 3). Les pouvoirs locaux signataires y expriment leur volonté d’expérimenter de nouveaux modèles de production de l’habitat et de développer de nouvelles alliances avec la société civile organisée autour des coopératives de logement ou des organisations foncières à caractère social, appelant ainsi à développer les partenariats publics-habitants.
La coopération des acteurs publics et civils sur cet enjeu du logement semble un enjeu déterminant à porter dans les années à venir. Comment construire ensemble des politiques publiques de « support » pour soutenir et réguler un aménagement coproduit par les communautés locales et les autorités locales, quelles nouvelles alliances mettre en place ?
Les villes de la Commission continueront de porter le débat au sein de CGLU et dans le cadre de la Communauté de pratique créée pour donner suite à l’élan de la Déclaration municipaliste pour le droit au logement et le droit à la ville.
Si cette initiative vous intéresse, n’hésitez pas à contacter la Commission.