Du 18 au 21 octobre 2018, la coprésidence de la CISDPDH de la Ville Métropolitaine de Gwangju a organisé la huitième édition du Forum Mondial des Villes pour les Droits Humains (WHRCF) : un événement capital pour renforcer le mouvement international des villes pour les droits humains soutenu annuellement par la Commission et le Centre International de Gwangju. Lors de cette édition, le Forum s'est axé sur la question de la diversité et du droit à la paix, en rassemblant voix et engagements forts en faveur de politiques inclusives par rapport à la migration. Le Forum a également été un tremplin pour la formulation de nouvelles alliances en vue d'un agenda 2030 pour les droits humains dans la ville.
Le Forum Mondial des Villes pour les Droits Humains a lieu annuellement à Gwangju depuis 2011, en commémoration du mouvement démocratique tenue en mai 1980, lorsque les citoyens se sont soulevés contre le régime militaire dans l’espoir de parvenir à la démocratie en Corée. Ce mouvement s’est étendu à d’autres pays asiatiques pendant les années 1980 et 1990, faisant de Gwangju un lieu symbolique pour les droits humains en Asie au point que la Charte Asiatique des Droits Humains y a été adoptée en 1998.
« Diversité, Inclusion et Paix » : Villes inclusives avec la migration
Tenue sous le thème « Avec qui vivons-nous ? », l’édition de 2018 a été axée sur la manière dont les pouvoirs locaux pouvaient agir sur les questions de la diversité et de la migration. Au cours de la session plénière, des représentants locaux ont souligné la nécessité de construire des villes inclusives par rapport à la migration qui garantissent l’universalité des droits. Des représentants de municipalités telles que Vienne, Barcelone, Amman ou Sao Paulo ont apporté des expériences concrètes, telles que politiques sur le marché du travail, pour la participation, l’inclusion sociale des réfugiés, le dialogue interreligieux ou l'apprentissage des langues. Cette discussion s’est inscrite dans la conclusion de la vague d'action de CGLU sur les migrations, qui s'achève en décembre avec l'adoption du Pacte mondial sur les migrations.
Lors du Forum, des représentants locaux comme Philippe Rio, maire de Grigny et président de l’Association française de maires pour la paix (AFCDRP), se sont également exprimés au sujet du droit à la ville et le droit à la paix ; et d’autres ont souligné la nécessité de prendre en compte la participation et les besoins de communautés telles que les peuples autochtones, les personnes LGBTI ou les personnes en situation de handicap lors de la construction de villes inclusives.
Ce plan d'action a été approfondi au cours de neuf sessions thématiques, consacrées aux droits humains en relation au genre, à l'économie sociale, aux personnes âgées, à l'éducation des jeunes, aux personnes en situation de handicap, à l'environnement, aux migrants et aux réfugiés, à la violence et à la paix. S'appuyant sur les résultats de ces débats multipartites, la déclaration finale du Forum a reconnu « l'engagement en faveur des droits en tant que fondement de la coexistence pacifique des êtres humains et moyen pour mettre fin à la discrimination à l'égard des groupes minoritaires et aux conflits entre les différentes races, personnes et peuples, religions, et parvenir vers une vraie société inclusive ».
L'édition de 2018 a rassemblé des centaines de participants de Corée et d'Asie, mais également d'autres régions, telles que l'Europe, le Moyen-Orient ou les Amériques. En tant qu’organisation partenaire du Forum, notre Commission a organisé une délégation composée de représentants des villes d’Amman (Ismail A. F. A. Bustanji, adjoint au maire), Barcelone (Aida Guillén, directrice aux droits et à la diversité), Grigny (Philippe Rio, maire et président de AFCDRP-Maires pour la Paix), Sao Paulo (Andrea Zamur, coordinatrice des politiques en matière de migration) et Vienne (Shams Asadi, directrice aux droits).
Invitées par la Commission, des organisations partenaires ont assisté au Forum, comme John Paul Cruz de World Enabled. La Commission a également facilité la participation de la Haut-Commissaire adjointe aux Droits de l’Homme, Kate Gilmore.
Vers plus de reconnaissance des « villes pour les droits » par les institutions et agendas internationaux
La participation de la Haut-Commissaire adjointe Kate Gilmore a permis de souligner le contexte de reconnaissance internationale du rôle des gouvernements locaux dans la promotion et la protection des droits humains ; axe central de plaidoyer des pouvoirs locaux au sein de notre Commission depuis 2015. Invitée d’honneur de la Conférence, Mme Gilmore a remercié la ville de Gwangju et des autres villes engagées pour les droits, tant pour leur initiative que pour l’espoir véhiculé dans la défense collective des droits.
Mme Gilmore a également indiqué qu’à l'occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le HCDH a lancé un appel pour « ramener les droits humains chez-eux », dans les villes et les villages du monde entier.
Cette intervention de Mme Gilmore fait suite à l'adoption en septembre d'une nouvelle résolution du Conseil des droits de l'homme sur le thème « Administrations locales et droits humains », qui demande au HCDH et aux parties prenantes concernées d’interagir et renforcer le dialogue avec les gouvernements locaux, en encourageant également l’interaction entre les différents agendas pour localiser les droits humains et les Objectifs de développement durable.
[ Voir communiqué de la Commission sur ce sujet ]
Lors du Forum, Mme Gilmore a pu rencontrer les délégués des villes de notre Commission, échanger des idées et des points de vue sur le renforcement des partenariats et de mise en réseau des villes pour les droits et les difficultés actuelles du contexte international. Elle a également échangé avec notre coprésident, le maire de Gwangju Lee Yong-Seop.
Près de cent participants ont pris part à la session « Réseau des villes des droits humains » qui visait à explorer les moyens par lesquels le mouvement international des villes pour les droits pourrait s'engager précisément dans la localisation des Objectifs de développement. Dans cette occasion, la ville de Barcelone a été invitée à présenter sa propre expérience locale en matière de droits de humains lors d’un « Policy session » spéciale. Ce groupe d'experts doit se réunir régulièrement au cours des prochaines années pour adopter le « Programme de Gwangju 2030 pour villes des droits humains », suit à l'exemple de Gwangju, qui s’est déjà engagée avec la localisation des ODD.
Les villes coréennes sont à l’avant-garde de progrès historiques dans la défense des droits
Le Forum de 2018 a également été marqué par la participation de plusieurs « maires des droits humains » venus de certaines des plus grandes villes de Corée, telles que le maire Lee Yong Seop de Gwangju, le maire Park Won-soon de Séoul, le maire Kwon Young-jin de Daegu ou le maire Yeom Tae-young de Suwon.
Dans son intervention, le maire de Séoul a encouragé les gouvernements locaux à s’engager en faveur des droits, invitant ses collègues à aller plus loin dans des domaines tels que l’égalité des sexes ou la protection des droits des minorités. M. Park a également souligné le ròle pionnier des gouvernements locaux dans la défense du droit au logement comme l'a montré l'initiative « Villes pour le logement convenable ».
De son côté, le maire de Gwangju a réaffirmé l'engagement de sa ville en faveur des droits et a promis d'aller plus loin dans des domaines tels que la création d'emplois et les droits des travailleurs, la justice sociale ou la participation. Gwangju s'est engagé à accueillir le Forum une nouvelle fois dans le futur afin de consolider sa ville en tant que point de rencontre du mouvement international des villes pour les droits.
Cet engagement eu une traduction claire au niveau national, avec une bonne représentation de la Commission nationale des droits humains de Corée et de l'Agence nationale de coopération au développement coréenne, KOICA, qui va devenir un partenaire officiel du Forum pour les années à venir.